Ultra-marathon : les troubles digestifs compromettent les apports nutritionnels des sportifs durant l’épreuve
Ballonnements, éructations, vomissements, crampes abdominales ou encore diarrhées sont des symptômes fréquemment ressentis par les sportifs durant et après les épreuves d’endurance extrême comme les marathons et ultra-marathons. A cela s’ajoutent les ampoules, hématomes sous les ongles, irritations, brûlures et coups de soleil. Les troubles digestifs et les lésions cutanées sont associés à une mauvaise qualité de la récupération et à une fatigue prolongée. Mais ont-ils un impact sur les apports nutritionnels et hydriques des sportifs ?
Pour répondre à la question, des chercheurs australiens ont suivi 54 ultra-marathoniens participant au Al Andalus Ultimate Trail, ultra-marathon en 5 étapes et de 225 km se déroulant au Sud de l’Espagne et 22 participants du Glenmore 24, ultra-marathon de 122 à 208 km en continu sur 24h organisé en Ecosse. Les apports nutritionnels et hydriques des sportifs étaient enregistrés durant les deux événements. Le poids et les corps cétoniques dans les urines étaient mesurés avant et après les épreuves. Des échantillons sanguins étaient prélevés avant et immédiatement après les épreuves. Les troubles digestifs étaient évalués par les coureurs. Les lésions cutanées étaient identifiées visuellement par un médecin et les douleurs ressenties indiquées par les coureurs.
Résultat, 85 % des participants présentaient au moins un symptôme gastro-intestinal durant l’ultra-marathon multi étapes. De même, ces troubles étaient fréquents durant la course en continu sur 24h, avec 73 % des participants en présentant au moins un. Ils étaient en particulier plus fréquents (x 2.5) chez les coureurs les plus rapides. Les lésions cutanées étaient, elles aussi, fréquemment constatées au cours de l’épreuve multi étapes (89 % participants en présentent au moins une). Moins au cours de l’épreuve en continu sur 24h (14%). Mais elles étaient associées à une allure plus faible.
Concernant le statut d’hydratation, aucune différence n’était notée selon la présence ou non de troubles digestifs ou lésions cutanées. En revanche, en présence de troubles digestifs, les apports énergétiques et en macronutriments étaient moindres durant et après les étapes de l’ultra-marathon multi étapes. Durant cette épreuve, les lésions cutanées étaient aussi associées à des apports plus faibles en glucides (durant la course) et en protéines (après chaque étape). Les apports nutritionnels et l’hydratation diminuaient davantage avec la sévérité des troubles digestifs et cutanés.
Les chercheurs concluent que les troubles digestifs et les lésions cutanées ressentis durant un ultra-marathon multi étapes, peuvent véritablement compromettre les apports nutritionnels des sportifs au cours de l’épreuve ainsi que leur récupération. La durée de l’épreuve semble davantage en cause que la distance parcourue. Ils supposent par ailleurs que le stress thermique lié à l’effort, la surconsommation de liquides et des apports excessifs en glucides durant l’épreuve pourraient accroître la survenue des troubles digestifs.
Source : The Impact of Gastrointestinal Symptoms and Dermatological Injuries on Nutritional Intake and Hydration Status During Ultramarathon Events. Costa RJ, Snipe R, Camões-Costa V, Scheer V, Murray A. Sports Med Open. 2016;2:16 http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4701764/