Sujets dénutris à domicile : les CNO réduisent le risque d'hospitalisation
La dénutrition affecterait 5 à 10 % des sujets âgés vivant à domicile. Un chiffre probablement en dessous de la réalité étant donné la variété des populations à domicile (autonome/dépendante). Or, cette dénutrition augmente le risque d’hospitalisation. La prescription de Compléments Nutritionnels Oraux (CNO) peut-elle changer la donne ? C’est l’objet d’une récente étude française (ENNIGME).
Les sujets dénutris mis sous CNO sont ceux les plus fragiles
L’étude incluait 191 patients âgés de 70 ans et plus, dénutris (critères HAS) vivant à domicile : 133 patients recevaient des CNO (prescrits par leur médecin généraliste) et 58 patients étaient sans CNO.
Mais ceux à qui on avait prescrit des CNO étaient les plus dépendants (significatif), avaient un plus petit appétit (significatif), une moins bonne qualité de vie (significatif) et une moins bonne perception de leur santé (significatif).
Le CNO doit apporter plus de 500 kcal/jour pour être efficace
À 1 mois, l’observance était de 83,5% et à 6 mois, l’appétit s’est davantage amélioré dans le groupe CNO (significatif).
Concernant le risque d’hospitalisation, les calories et les protéines consommées via les CNO étaient déterminants :
- Lorsque les CNO apportaient plus de 30 g de protéines par jour, le risque d’hospitalisation était réduit de 68% [OR = 0,320 (0,121–0,845), p = 0,02] ;
- Lorsque les CNO apportaient plus de 500 kcal par jour, le risque d’hospitalisation était réduit de 81,5% [OR= 0,185 (0,063–0,547), p = 0,002].
Concernant les coûts de santé, au sein du groupe CNO, ils étaient réduits de moitié lorsque les CNO étaient bien consommés et apportaient plus de 500 kcal/jour, (1389 €) comparés à des CNO moins bien consommés et qui apportaient moins de 500 kcal/jour (3502 €, différence significative). Tout CNO confondus, il n’y avait pas de différence de coûts entre les groupes avec et sans CNO (2732 € vs. 2345 €, p = 0,48).
Le choix des CNO et leur observance sont déterminants
Cette étude montre que les médecins généralistes prescrivent des CNO chez les sujets âgés dénutris les plus dépendants et les plus anorexiques, avec le plus grand risque d’hospitalisation. La prescription de CNO ne génère pas de coût supplémentaire. Au contraire, une bonne compliance au traitement (apports énergétiques et protidiques élevés) est associée à une réduction du risque d’hospitalisation et des coûts de santé.
La compliance à la complémentation nutritionnelle orale diminue le risque d’hospitalisation chez les patients âgés dénutris vivant à domicile, sans augmenter les coûts : étude ENNIGME D. Seguy, H. Hubert, J. Robert, J. -P. Meunier, O Guerin, A. Raynaud-Simon. Nutrition Clinique et Métabolisme, 33(1), 2019 https://doi.org/10.1016/j.nupar.2019.01.247