Sujets âgés obèses : faut-il perdre du poids pour ralentir le déclin cognitif ?

Une étude parue début janvier rapporte les bénéfices d’une perte de poids chez des sujets âgés obèses et souffrants de troubles cognitifs modérés, sur la vitesse du déclin cognitif.

On sait que l’obésité en milieu de vie est un facteur de risque de démence. Ce que l’on sait moins, c’est si la perte de poids induite par la restriction calorique peut prévenir le déclin cognitif et donc la démence chez les sujets âgés obèses souffrant de troubles cognitifs modérés.

Pour répondre à cette interrogation, des chercheurs Brésiliens ont recruté 80 sujets obèses de plus de 60 ans, avec un indice de masse corporel (IMC) en moyenne de 35.5 ± 4 kg/m² et dont 83 % sont des femmes et 26 % porteurs du génotype APOE4 (susceptibilité plus grande au déclin cognitif). Ils sont répartis en deux groupes : l’un avec seul un suivi médical (40 sujets) et l’autre avec des conseils nutritionnels pour une perte de poids (1200 kcal/jour, 1g de protéines/kg de poids/jour), associés à un suivi médical (40 sujets). Durant l’étude, les sujets sont pesés, mesurés et des tests neurologiques et physiques sont réalisés ainsi que des examens sanguins et un rappel des consommations.

Après 12 mois de suivi, l’IMC des sujets sous conseils nutritionnels a diminué de 1.7 points, sans modification de leur masse maigre. Et 43.8 % des sujets ont perdu plus de 5 % de leur poids initial. La performance physique de ces sujets était améliorée ainsi que la vitesse de marche et celle pour se lever d’une chaise. La plupart des tests cognitifs (mémoire verbale, attention, langage, fonctions exécutives…), étaient améliorés après la réduction de poids via la restriction calorique. Chez les plus jeunes, l’effet était plus prononcé, en particulier sur la mémorisation et le langage, ce qui suggère l’existence d’une fenêtre thérapeutique pour la protection cognitive. Mais il est possible que les plus âgés aient moins bien répondu aux changements métaboliques et donc à une intervention nutritionnelle. Les sujets porteurs du génotype APOE4, à plus haut risque de démence, répondaient mieux à l’intervention nutritionnelle et voyaient leurs performances cognitives nettement améliorées.

Les chercheurs concluent qu’une perte de poids intentionnelle via une restriction calorique chez des sujets obèses présentant des troubles cognitifs modérés est corrélée à une amélioration de la mémoire, des fonctions exécutives, de la cognition globale et du langage. Cette association est plus forte chez les jeunes seniors et les porteurs du génotype APOE4. Enfin, pour eux, la leptine, l’insulino-résistance et le CRP pourraient être impliqués dans cette association entre les performances cognitives et le poids.

 

Source : Cognitive effects of intentional weight loss in elderly obese individuals with mild cognitive impairment. Horie NC et coll. J Clin Endocrinol Metab. 2015 Dec 29 http://press.endocrine.org/doi/pdf/10.1210/jc.2015-2315