Quel effet des boissons de récupération sur l’appétit et la prise alimentaire ultérieurs ?
Contexte de l’étude
L’apport de protéines immédiatement après l’exercice serait intéressant pour stimuler la synthèse des protéines myofibrillaires et mitochondriales (Wilkinson et al., 2008), notamment dans le cadre de protéines de lactosérum (Tang, Moore, Kujbida, Tarnopolsky, & Phillips, 2009). Néanmoins, l’impact en terme d’appétit de l’ingestion de protéines ou de glucides après la pratique d’un exercice physique est à l’heure actuelle peu documenté.
Une récente étude a ainsi été menée au Royaume-Uni afin d‘évaluer l’intérêt de l’utilisation de différentes boissons de récupération dans le cadre de programmes de gestion du poids.
Pour cette étude randomisée en double aveugle, 12 jeunes hommes (âge moyen : 24 ans) en bonne santé et de poids stable, ont été recrutés. Différentes données relatives à chaque volontaire étaient recueillies lors d’une épreuve de test physique (poids, taille, IMC, VO2 max, journal alimentaire des dernières 24h…).
Les volontaires ont ensuite été conviés à trois journées de protocole dans le but de tester trois types de boissons de récupération différentes :
– Boisson placebo faiblement énergétique (15 kJ) (PLA) ;
– Boisson à 6% de protéines de lactosérum (528 kJ) (PRO) ;
– Boisson à 6% de saccharose (528 kJ) (CHO).
Lors de chacune des séances, les sujets débutaient la journée par un petit-déjeuner composé de 30 g de céréales et 125 mL de lait demi-écrémé, accompagné d’eau à volonté. Deux heures plus tard, les sujets étaient invités à effectuer 30 min de vélo à 60% de leur VO2 max, suivi de 5 min de repos, puis 5 fois 3 minutes à 85% de leur VO2 max (entrecoupées de 2 min de repos). La durée totale de la séance d’exercice s’élevait à 60 min.
Dix minutes après l’exercice, les sujets étaient invités à consommer 500 mL de boisson de récupération de type PLA, PRO ou CHO. Soixante minutes plus tard, un plat de pâtes était proposé aux participants avec pour consigne de manger jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits et rassasiés. L’appétit des participants était par ailleurs évalué de façon subjective, à différentes étapes du protocole (avant exercice, après exercice, après ingestion de la boisson, avant le repas et plusieurs heures après) à l’aide de questionnaires de notation allant de 0 (pas du tout) à 100 (extrêmement). La perception des consommateurs vis-à-vis des différentes boissons testées était également recueillie (plaisir gustatif, arrière goût, onctuosité…).
Résultats de cette étude
La quantité d’énergie consommée lors du déjeuner à volonté était significativement plus faible (environ – 9%)après ingestion de PRO (5831 ± 960 kJ) par rapport à PLA (6406 ± 492 kJ) (P <0,05), mais sans différence significative entre CHO (6111 ± 901 kJ) et les autres boissons testées (P> 0,315). Néanmoins, considérant la prise énergétique totale (boisson + repas), il n’existait plus de différence significative entre les essais (P = 0,383) malgré une tendance à ce que l’apport énergétique total reste tout de même légèrement plus faible dans le cas de PRO (6359 ± 960 kJ vs 6431 ± 492 kJ (PLA) et 6640 ± 901 kJ (CHO)).
D’un point de vue sensoriel, les participants n’exprimaient pas de différences significatives en terme d’arrière-goût, amertume, onctuosité, caractère rafraîchissant, etc. entre les boissons. Cependant, en terme de plaisir gustatif général, la boisson sucrée était plus appréciée que la boisson protéinée (p<0,05) et avait tendance à être également mieux perçue que la boisson placebo (p=0,053).
Ces résultats suggèrent que la consommation d’une boisson contenant des protéines après l’exercice pourrait être une méthode efficace de réduction de la consommation d’énergie lors d’un repas ultérieur par rapport à une boisson faiblement énergétique. De plus, ce type de boissons aurait également pour intérêt de stimuler la synthèse des protéines myofibrillaires et mitochondriales, permettant de ce fait une meilleure récupération musculaire.
Source : David J. Clayton et al (2014). The effect of post-exercise drink macronutrient content on appetite and energy intake. Appetite; Volume 82; p.173–179
Lien utile : http://www.sciencedirect.com.sicd.clermont-universite.fr/science/article/pii/S0195666314003705