Prévalence des allergies alimentaires en Europe
Les allergies alimentaires sont-elles les mêmes partout en Europe ?
Pour le savoir, une récente étude a été menée auprès de 17 366 personnes dans différentes régions d’Europe (Reykjavik, Vilnius, Lodz, Sofia, Zurich, Athènes, Madrid et Utrecht).
Des adultes de 20 à 54 ans ont été interrogés dans 8 pays européens au sujet de l’existence et la fréquence de survenue d’éventuels symptômes allergiques lors de la consommation d’aliments spécifiques. Un dépistage de l’allergie alimentaire a ensuite été réalisé grâce à un prélèvement de sérum pour chaque individu et un dosage d’IgE spécifiques pour 24 aliments et 6 allergènes aériens.
Globalement 21 % des participants ont déclaré présenter des symptômes suite à l’ingestion d’aliments mais avec une variation considérable selon la région géographique : de moins de 2 % à Vilnius à 37 % à Zurich. La prévalence de l’allergie alimentaire, diagnostiquée par un médecin, était beaucoup plus faible (environ 4,4 %) avec là encore une importante variation géographique (de moins de 1 % à Vilnius et Sofia à plus de 7,5 % à Zurich et Madrid). La sensibilisation alimentaire à la noisette s’est révélée être la plus fréquente (9,26%), suivie par la pêche (7,93%), la pomme (6,53%), le céleri (6,25%) et la carotte (5,96%). Les moins fréquentes impliquaient l’œuf (0,86%), le lait (0,82%) et le poisson (0,22%). L’ordre de prévalence de la sensibilisation IgE-dépendante pour les différents aliments testés était similaire dans chaque centre.
Par ailleurs, cette étude a mis en évidence une corrélation positive entre la sensibilisation alimentaire et la sensibilisation aux allergènes polliniques (Bet v 1 et Bet v 2). La sensibilisation alimentaire non liée à une réactivité croisée avec les pollens s’est avérée rare et plus équitablement répartie au-niveau des différentes régions géographiques étudiées. Les allergènes alimentaires les plus fréquemment en cause en l’absence de réactivité croisée étaient alors différents (sésame, crevette et noisette) alors que les moins fréquents restaient identiques (poisson, œuf et lait).
En conclusion, cette étude révèle plusieurs faits marquants. Tout d’abord, il a pu être constaté un écart important entre ce qui est déclaré et le diagnostic de l’allergie alimentaire des personnes (21% vs 4,4%). Le diagnostic reste donc indispensable. Par ailleurs, les allergies alimentaires semblent principalement liées à l’allergie pollinique chez les adultes et varient donc considérablement en Europe. Ce dernier constat a également été mis en avant lors du 9ème Congrès Francophone d’Allergologie qui s’est tenu du 15 au 18 avril dernier à Paris. A cette occasion, il a été rappelé que la prévalence de l’allergie à l’œuf chez un enfant de 2 ans et demi est estimée à 1,6% et l’incidence cumulée avec un risque de développer des sensibilisations aux allergènes aériens au même âge à 2,6%. Un constat qui semble donc se vérifier chez l’adulte comme chez l’enfant.
Source :Burney PG et al. The prevalence and distribution of food sensitization in European adults. Allergy. 2014;69(3):365-71.
Lien utile : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24372074