Polyhandicap et troubles du transit : quelles sont les causes ?

Rôle de l’activité physique dans le transit de la personne âgée1

L’activité physique est un élément primordial. Elle améliore les troubles du transit d’une part, grâce à la position verticale du corps et d’autre part, grâce au travail musculaire de la paroi abdominale qui, par effet de massage, stimule la motricité du colon. Il faut toujours encourager la marche chez les sujets qui peuvent déambuler, même si celle-ci est limitée dans le temps et dans l’espace. Pour les sujets non marchants, la mobilisation abdominale passive peut faire travailler leurs muscles, à condition qu’ils n’aient pas de luxation de hanche.

La mobilisation abdominale passive : la personne est allongée sur le dos, la nuque légèrement fléchie, les deux jambes sont tenues jointes par le soignant qui imprime des mouvements amples de circumduction des hanches dans le sens du transit (sens des aiguilles d’une montre) en pressant les cuisses sur l’abdomen pendant la flexion. Le reflux gastro-oesophagien contre-indique de cette technique en période post-prandiale. En cas de luxation de hanches, les massages abdominaux peuvent être utilisés, toujours dans le sens du transit, sous la forme de massages manuels doux, ou à la douche dans le bain. Les changements fréquents de position et la verticalisations ne sont pas inutiles

(1) Des aspects médicaux de l’alimentation chez les personnes polyhandicapées Docteur Thierry Rofidal Mars 2004  


Alimentation et constipation chez la personne handicapée2

La constipation est fréquente chez les personnes polyhandicapées, et quasiment constante chez les plus déficientes sur le plan moteur. Chez elles, la constipation est une maladie qui peut avoir des conséquences graves qui doit être suivie de près. 

Chez la personne polyhandicapée, le ralentissement du transit intestinal est dû à de nombreux facteurs. La paralysie de l’intestin est secondaire aux lésions cérébrales, mais elle est aggravée surtout par l’immobilité de la personne et par les médicaments qui agissent sur le système nerveux central (psychotropes), parmi lesquels on retrouve les traitements de l’épilepsie, de la spasticité et des troubles du comportement.

La progression du bol fécal est aussi ralentie par sa faible teneur en eau et en fibres, car ces deux facteurs réduisent son volume. La faible hydratation du bol fécal est le reflet de la déshydratation chronique du sujet, elle est due non seulement au fait qu’il boit peu, mais en plus, que le colon absorbe le plus possible d’eau, parce que le transit est lent et parce que l’organisme est mal hydraté.

La faible teneur en fibres est consécutive aux difficultés alimentaires du sujet (les légumes riches en fibres se moulinent assez mal et les fibres moulinées perdent leur effet de lest), mais c’est aussi une lacune fréquente dans la restauration de collectivité qui propose trop rarement des légumes verts et des fruits cuits.


(2) Les aspects médicaux de l’alimentation chez la personne handicapée Dr. Thierry Rofidal Médecin auprès d’enfants et d’adultes handicapés 


L’usage des laxatifs chez la personne handicapée3

Trois types de médicaments laxatifs, administrés par voie buccale, peuvent être retenus. 

Les laxatifs de lest que l’on appelle les mucilages obtenus à partir de gommes végétales (augmente le volume du bol fécal comme la font les fibres.).  Ils peuvent provoquer, en début de traitement, des gaz et des ballonnements. 

Les huiles minérales agissent en lubrifiant et en ramollissant le contenu de l’intestin. On utilise surtout l’huile de paraffine pure ou sous forme de gelée aromatisée. Elles peuvent réduire l’absorption des vitamines A, D, E et K . 

Les laxatifs osmotiques agissent en retenant l’eau à l’intérieur du bol fécal. Leur efficacité est fonction de l’état d’hydratation du sujet. En début de traitement, ils peuvent provoquer des ballotements et des douleur abdominales. 

En cas de constipation terminale, on a recours aux laxatifs par voie rectale

Si le trouble de l’évacuation est accidentel, on peut utiliser le petit suppositoire de glycérine, le microlavement ou encore le suppositoire libérateur de gaz si la quantité de matières est réduite ou recourir au lavement gras si elle est plus importante. 

– Si le trouble de l’évacuation est habituel, on peut utiliser régulièrement ce genre de laxatifs, en prenant soin de conditionner le réflexe de la défécation (traitement à heure fixe, petit déjeuner riche en boissons, installation confortable à heures fixes).


(3) Les aspects médicaux de l’alimentation chez la personne handicapée Dr. Thierry Rofidal Médecin auprès d’enfants et d’adultes handicapés 


Rôle du microbiote dans le transit4

Le microbiote intestinal a un rôle important dans les pathologies du système digestif. Certains taxons de bactéries intestinales ont donc été associés à certains troubles, comme la constipation. Une étude récente a identifié 4 genres bactériens ayant une implication dans la constipation 

En effet, chez des personnes constipées, il y avait plus de Desulfovibrio et de Christensenella et moins de Sutterella et de Lachnospira que chez le groupe contrôle. Desulfovibrio agit sur le transit intestinal en le réduisant, tandis qu’une forte présence de Christensenella est associée à des selles dures à teneur en eau réduite. A l’inverse, les membres du genre Lachnospira peuvent synthétiser du lactate et de l’acetate qui sont ensuite métabolisés en butyrate et propionate, ce qui permet la sécrétion de mucine (mucus). Sutterella agit aussi positivement sur le transit intestinal.

Côté prébiotiques, les graines du plantain des Indes, contiennent de l’arabinoxylane, un composé qui permet la rétention d’eau et facilite ainsi le flux dans le colon ascendant. 

La consommation de fibres (prébiotiques), comme l’inuline, fait partie des mesures hygiéno-diététiques préconisées en cas de constipation occasionnelle ou chronique qui ne s’accompagne pas de complications. On trouve des fibres dans de nombreux aliments : fruits (comme les célèbres pruneaux), légumes, céréales complètes, etc. 


(4) Luxia Scientic 2019


La satiété et transit5

Le ralentissement de la vidange gastrique induit une distension de l’estomac, une sorte de dilatation qui envoie au cerveau un signal de satiété alors que la personne âgée n’a pas fini son repas. « Celle-ci aura donc tendance à s’arrêter de manger après l’entrée ou au milieu du plat, ajoute le professeur Salles. C’est un des mécanismes de l’anorexie liée à l’âge. On croit souvent qu’il est normal de moins se nourrir quand on est âgé, mais c’est faux, les besoins restent les mêmes. » Le problème de motricité des muscles lié au vieillissement agit aussi au niveau des intestins et contribue à ralentir l’ensemble du transit, après la digestion. Un apport en fibre contribue à faciliter le transit et soulager les intestins. 


(5) Mutualiste Magazine de prévention santé 2016

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