Les sujets sarcopéniques mangent-ils moins bien que les autres ?
Si l’on admet aujourd’hui que la nutrition est un pilier important du traitement de la sarcopénie, on a paradoxalement peu de données sur ce que mangent les sujets âgés souffrant de sarcopénie. Une étude Hollandaise vient enfin de s’y intéresser. Elle a comparé les apports alimentaires et quelques marqueurs du statut nutritionnel de 53 sujets sarcopéniques de plus de 65 ans à celui de 174 autres sujets âgés non sarcopéniques à l’aide d’un questionnaire alimentaire et de dosages sanguins (cohorte de la Maastricht Sarcopenia Study). Les marqueurs biochimiques choisis sont le statut en vitamine D, en magnésium, en vitamine E/cholestérol, l’homocystéine (marqueur des vitamines B6, B9 et B12) et le profil en oméga-3 et oméga-6.
Des apports insuffisants en protéines, vitamine D, oméga-3 et sélénium
Comparés aux sujets du même âge sans sarcopénie, les apports alimentaires des sujets sarcopéniques sont entre 10 et 18 % inférieurs concernant les oméga-3, les vitamines B6 et B9 (folates), la vitamine E et le magnésium. Leurs apports en protéines, acide alpha-linolénique, sélénium et vitamine D sont aussi inférieurs mais la différence n’est pas significative. Lorsque ces sujets prennent des compléments alimentaires (34 % seulement) portant principalement sur les vitamines B, C, D, E, le calcium, magnésium, sélénium et zinc, les différences sont atténuées et seuls les apports en oméga-3 restent inférieurs (de 19 % en g/jour) entre les groupes.
Lorsqu’on les compare cette fois-ci aux recommandations alimentaires, la plupart des sujets avec sarcopénie ont des apports insuffisants. Les apports énergétiques sont insuffisants chez les hommes et les apports en glucides inférieurs aux recommandations chez les hommes et les femmes. Dans le cas des protéines, 74 % des sujets n’atteignent pas les 1.2g/kg de poids/jour conseillés (81% des non sarcopéniques non plus) et 25 % des sujets consomment même moins de 0.66g/kg de poids/jour (12 % des non sarcopéniques aussi). Ces apports limités sont souvent consécutifs à des apports énergétiques insuffisants ou à une dénutrition. Autres insuffisances, les apports en EPA + DHA et en sélénium, qui sont de 11 % et 24 % inférieurs aux recommandations (respectivement). Quant à l’apport en vitamine D, il est le quart de ce qui est recommandé (5 au lieu de 20µg/jour) chez l’ensemble des sujets.
Un statut nutritionnel à risque
Les dosages sanguins révèlent des taux inférieurs en EPA et vitamine D chez les sujets sarcopéniques très âgés (86-95 ans) et vivant en institution. Les taux d’acide linoléique (oméga-6) sont aussi inférieurs par rapport aux non sarcopéniques. Enfin, leurs niveaux d’homocystéine, sont plus élevés de 27 % par rapport aux sujets sans sarcopénie, signe d’un stress oxydatif accru et d’un catabolisme des protéines musculaires.
Des interventions nutritionnelles ciblant les protéines, l’énergie, la vitamine D, les oméga-3 et le sélénium semblent, à l’évidence, nécessaires auprès de la population âgée sarcopénique pour améliorer leur statut nutritionnel.
Source : Differences in Nutrient Intake and Biochemical Nutrient Status Between Sarcopenic and Nonsarcopenic Older Adults-Results From the Maastricht Sarcopenia Study. Ter Borg S, de Groot LC, Mijnarends DM, de Vries JH, Verlaan S, Meijboom S, Luiking YC, Schols JM. J Am Med Dir Assoc. 2016 May 1;17(5):393-401. http://dx.doi.org/10.1016/j.jamda.2015.12.015