Les habitudes alimentaires sont-elles associées à l’état de santé des sujets âgés ?
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, de plus en plus de sujets âgés se sentent encore autonomes pour assurer seuls leurs activités quotidiennes chez eux. Les meilleures conditions de vie et habitudes alimentaires pourraient expliquer cette longévité.
Pour autant, il existe peu d’études examinant l’association entre les habitudes alimentaires et les capacités fonctionnelles de l’individu, sa performance cognitive, la présence de symptômes dépressifs et l’état de santé ressenti, qui permettraient d’identifier les groupes d’individus à risque.
Une équipe française s’est saisie du sujet et a rapporté les résultats de son étude dans les Archives of Gerontology and Geriatrics.
Des habitudes alimentaires différentes entre hommes et femmes
L’étude a été effectuée auprès de 402 hommes et femmes de 55 à 97 ans vivant chez eux, en Poitou-Charentes. Une évaluation de leurs performances cognitives, symptômes dépressifs, capacités fonctionnelles et état de santé ressenti a été réalisée.
Une analyse de leur alimentation (méthode en cluster) a permis de les classer selon leurs profils/habitudes alimentaires.
Chez les hommes, 4 profils sont ressortis: (1) 41.1 % consommaient une alimentation riche en céréales, légumes verts, viande, produits sucrés, légumes secs et produits laitiers ; (2) 11.9% une alimentation pauvre en légumes verts et viande mais riche en plats préparés et alcool ; (3) 40.4% une alimentation pauvre en légumes verts, produits laitiers, poisson, céréales et féculents mais avec une consommation élevée de vin ; (4) 6.6% une alimentation riche en poisson et céréales et pauvre en légumes, plats préparés et produits sucrés.
Chez les femmes, quatre profils alimentaires ont été identifiés : (1) 24.2% consommaient une alimentation riche en poisson, fruits de mer, fruits, légumineuses et boissons sucrées; (2) 29.8% avaient des apports modérés en légumes, céréales, féculents, produits laitiers et pauvre en poisson, légumineuses et plats préparés ; (3) 33.8% consommaient des plats préparés ; (4) 12.3% une alimentation riche en produits laitiers, fruits, viande, céréales et légumes.
Les plats préparés, associés à un moins bon état de santé des femmes
Chez les hommes, aucun des 4 profils alimentaires n’était associé à la performance cognitive, aux capacités fonctionnelles, aux symptômes dépressifs et à l’état de santé ressenti.
En revanche, chez les femmes, celles qui consommaient des plats préparés (profil 3) présentaient de moins bonnes performances cognitives et une perception moins favorable de leur état de santé que celles avec une alimentation riche en poisson, fruits de mer, fruits, légumineuses et boissons sucrées (profil 1).
Les femmes avec une alimentation riche en produits laitiers, fruits, viande, céréales et légumes (profil 4) se sentaient en moins bonne santé que celles du profil 1.
Enfin, les femmes avec des apports modérés en légumes, céréales, féculents et produits laitiers (profil 2) et celles qui consommaient des plats préparés (profil 3) présentaient plus de symptômes dépressifs que celles du profil 1.
Les résultats chez les femmes s’expliquent par leur isolement, leur âge plus avancé, leurs revenus plus faibles, la présence plus fréquente d’une perte d’appétit et d’un grignotage.
Le profil 1, que l’on peut considérer comme le plus équilibré des quatre, est associé à de bonnes performances cognitives, une perception positive de son état de santé et à l’absence de symptôme dépressif.
Au contraire, la consommation de plats préparés chez la femme âgée semble être l’indicateur d’une vulnérabilité en termes de baisse cognitive, de dépression et de mauvais état de santé perçu.
Ferrand, C., Féart, C., Martinent, G., Albinet, C., André, N., Audiffren, M., Dietary patterns in French Home-Living Older Adults: Results from the PRAUSE Study. Archives of Gerontology and Geriatrics