La variété permet d’augmenter les apports énergétiques des femmes avec un petit appétit
Consommer une alimentation équilibrée peut devenir un véritable défi pour les personnes âgées, notamment en raison du manque d’appétit dont un grand nombre d’entre elles souffre. Et si favoriser la variété des aliments au sein du repas pouvait augmenter l’apport énergétique total ?
Le manque d’appétit concerne 10 à 15 % des sujets âgés à domicile, près de 50 % d’entre eux à l’hôpital et plus de 65 % en maisons de retraite. Il est à l’origine d’apports alimentaires insuffisants, peu variés et conduit à un risque plus élevé de mortalité. Augmenter les apports alimentaires de ces sujets reste aujourd’hui un véritable défi pour les aidants et les soignants. Des chercheurs Hollandais se sont penchés sur la question et ont cherché à savoir si favoriser la variété des aliments au sein d’un repas pouvait accroître leur quantité consommée.
Dix-neuf femmes de 84 ans en moyenne ont participé à l’essai clinique. Des repas tests (variés ou témoins) leur ont été servis au Centre de Recherche en Nutrition d’Amsterdam au cours de plusieurs week-ends. Les repas dits « variés » comprenaient trois variétés de légumes (225 g) de trois couleurs différentes, trois variétés de viandes (ou poissons – 150 à 170 g) et trois variétés de préparation de pommes de terre (225 g). Elles étaient servies dans une même assiette. Les repas « témoins » n’offraient qu’un seul choix de légumes, viandes (ou poisson) et pommes de terre. L’assiette contenant le repas était pesée avant et après le repas. L’appétit et l’appréciation des sujets étaient aussi évalués à l’aide d’une échelle visuelle.
Résultat, les femmes consommaient 79 calories de plus lorsque le repas test était varié (427 kcal) par rapport au repas témoin (341 kcal). De même, la quantité consommée était supérieure de 48 grammes avec le repas varié. L’analyse selon les composantes alimentaires révèle que la quantité de protéines consommées est quasi-similaire dans les deux cas (3.7 g de différence) mais que la quantité d’énergie ingérée est supérieure pour toutes les composantes alimentaires lorsque le repas est varié. La quantité de produits consommés (en grammes) est également supérieure lors du repas varié, excepté dans le cas des pommes de terre. Après l’ingestion du repas varié, l’appétit des sujets était plus faible et le rassasiement était plus élevé qu’après le repas témoin. Pour autant, l’appréciation du menu par les convives n’était pas significativement différente selon le repas.
Ces résultats chez les personnes âgées sont cohérents avec les études à court terme déjà menées chez l’adulte en bonne santé, et qui rapportent des consommations plus importantes lorsque les repas sont plus variés. Des études chez des volontaires jeunes indiquent d’ailleurs que plus les aliments sont variés en termes de couleur, de texture et de goût, plus l’effet est important sur les consommations. Dans le cas présent, les auteurs expliquent que présenter une variété d’aliments de façon simultanée permettrait, chez ces femmes avec peu d’appétit, de retarder la sensation de rassasiement.
Source : Wijnhoven HA, van der Meij BS, Visser M. Variety within a cooked meal increases meal energy intake in older women with a poor appetite. Appetite. 2015 Dec 1;95:571-6. doi:10.1016/j.appet.2015.08.029