La nutrition, piste prometteuse pour prévenir le déclin cognitif
Au départ, des études sur nutriments isolés
Selon une récente revue d’experts, quelques nutriments ont déjà prouvé scientifiquement leurs rôles bénéfiques sur le maintien d’un fonctionnement cérébral sain : les vitamines E et C, l’acide docosahexaenoique (DHA) et les folates, dont la faible consommation a été prouvée comme délétère pour le cerveau. « Le DHA est non seulement un composant majeur des membranes des cellules nerveuses mais aussi un précurseur de la neuroprotectine et des eicosanoïdes », précise Catherine Féart. Dans son laboratoire, ils se sont intéressés aux acides gras polyinsaturés de la famille n-3. « Nous avons observé une moindre atrophie de la matière grise chez des sujets suivis pendant 4 ans et qui avaient des apports en acides gras polyinsaturés élevés ». D’autres nutriments suscitent un intérêt croissant de la part des chercheurs : les caroténoïdes (beta carotène, lutéine), les flavonoïdes, les polyphénols et la vitamine D. « Quand le niveau de vitamine D est bas, le risque de démence est doublé », indique C. Féart avant d’ajouter que « des consommations élevées de caroténoïdes sont associées à un moindre risque de démence ». Mais si les données épidémiologiques semblent convaincantes, les études d’interventions, elles, ne le sont pas toujours. Plusieurs causes à cela : « les doses testées, souvent trop élevées, la durée d’essai trop courte, une fenêtre d’intervention trop tardive et des sujets supplémentés qui ne présentaient pas de déficiences nutritionnelles »
Une nécessité : étudier l’alimentation dans sa globalité
Pour la chercheuse, ces nutriments aux propriétés bénéfiques sont plus globalement « les marqueurs d’un modèle alimentaire sain ». Si bien que les études s’orientent maintenant de plus en plus vers l’identification de profils alimentaires associés à des bénéfices santé. De nombreux travaux portent, notamment, sur l’alimentation méditerranéenne. « De fait, ce modèle alimentaire fournit la majorité des nutriments que l’on considère comme bénéfiques pour la santé cérébrale », commente C Féart. « La majorité des études épidémiologiques a montré que plus l’adhésion au régime méditerranéen est élevée et plus le déclin cognitif ou le risque de démence et de maladie d’Alzheimer sont diminués ». Dans l’étude sur la cohorte de Bordeaux qu’elle a coordonné, Catherine Féart observe que l’adhésion au régime méditerranéen est corrélée à une meilleure préservation de la connectivité cérébrale après 10 ans de suivi ainsi qu’à des performances cognitives supérieures. Elle cite un essai d’intervention en Espagne « qui a récemment fait la démonstration d’une relation causale entre l’amélioration des fonctions cognitives des participants à haut risque cardiovasculaire et la consommation d’un régime méditerranéen enrichi en huile d’olive et de noix après un suivi de 5 ans ».
Lueur d’espoir, les données de fin 2015 rapportent une diminution de l’incidence de la maladie d’Alzheimer aux US et en France. « Un phénomène certainement lié à l’élévation moyenne du niveau d’étude et à une meilleure prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaires, parmi lesquels, l’alimentation », analyse -t-elle.
Déclin cognitif lié à l’âge et nutrition. Catherine Féart. 18emes Entretiens de Nutrition de l’institut Pasteur de Lille – 9 et 10 juin 2016.