La dysphagie pourrait aussi être sarcopénique
Pour les sociétés savantes japonaises, les muscles impliqués dans la déglutition sont indubitablement affectés par la dénutrition. Ceci pourrait conduire à une dysphagie sarcopénique.
La prévalence de la dysphagie due à la sarcopénie est très importante, mais méconnue. Quatre sociétés savantes japonaises font le point sur ce concept évoqué pour la première fois en 2005 et appelé « dysphagie sarcopénique » en 2012. Leur point de vue a été récemment publié dans la revue Geriatrics & Gerontology International.
Une dysphagie consécutive à la sarcopénie
Jusqu’en mars 2018, plus de 68 articles scientifiques décrivent une association entre la dysphagie et la sarcopénie. Il semble d’après plusieurs études que les muscles de déglutition soient affectés par la dénutrition et l’atrophie des muscles. De nombreux cas cliniques rapportent d’ailleurs l’apparition de dysphagie chez les sujets sarcopéniques.
La « dysphagie sarcopénique » se définie comme une dysphagie consécutive à une sarcopénie du corps entier et des muscles de la déglutition. S’il n’y a pas de sarcopénie, le terme “dysphagie sarcopénique” ne doit pas être utilisé. De même, les cas de sarcopénie ou de dysphagie dus à des maladies neuromusculaires doivent être exclus du diagnostic. Toutefois, le vieillissement et une sarcopénie secondaire à une inactivité, une dénutrition et une maladie (cachexie, cancer, chirurgie cardiovasculaire, Alzheimer…) sont inclus dans le diagnostic de la dysphagie sarcopénique.
Cinq critères diagnostic sont proposés
Les critères de diagnostic définis par les sociétés savantes sont au nombre de 5 :
1/ La présence d’une dysphagie,
2/ La présence d’une sarcopénie généralisée définie par : la force de préhension (H<26kg / F<18kg), la vitesse de marche <0,8m/sec, la masse musculaire [DEXA H<7,0km/m² / F<5,4 kg/m² ou bioimpédancemétrie H<7,0 kg/m² / F<5,7 kg/m²] et la circonférence du mollet H<30 cm/ F<29 cm),
3/ La perte de masse des muscles de la déglutition (imagerie),
4/ Les autres causes de dysphagie sont exclues,
5/ La principale cause considérée est la sarcopénie (même si d’autres causes comme un AVC, une maladie neuromusculaire, un cancer…sont présentes)
Le diagnostic est définitif si les critères 1, 2, 3, 4 sont présents ;
Le diagnostic est probable si les critères 1, 2, 4 sont présents ;
Le diagnostic est possible si les critères 1, 2, 5 sont présents.
Chez les patients hospitalisés plus âgés, la pression linguale (<20,0 kPa) et la force de fermeture des lèvres sont des indices utiles pour diagnostiquer la dysphagie sarcopénique.
Traitement et rééducation
Le traitement de la dysphagie sarcopénique nécessite à la fois une rééducation de la dysphagie par des exercices en résistance des muscles de la déglutition et une intervention nutritionnelle (environ 35 kcal/kg de poids corporel/jour). Chez les sujets âgés admis à l’hôpital, la prévention de la dysphagie sarcopénique doit être précoce et implique les mêmes actions. Chez les patients hospitalisés âgés avec pneumonie d’aspiration, le début de la rééducation dans les quelques jours suivant l’admission permet de réduire le taux de mortalité.
Sarcopenia and dysphagia: Position paper by four professional organizations. Fujishima I, Fujiu-Kurachi M, Arai H, Hyodo M, Kagaya H, Maeda K, Mori T, Nishioka S, Oshima F, Ogawa S, Ueda K, Umezaki T, Wakabayashi H, Yamawaki M, Yoshimura Y. Geriatr Gerontol Int. 2019 Feb;19(2):91-97. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ggi.13591