La diététique du dialysé
Pourquoi a-t-on recours à la dialyse ?
Le rein est un organe indispensable à la vie, qui permet de filtrer le sang et d’éliminer les déchets pour les évacuer dans l’urine. Il maintient également la quantité d’eau et de sels minéraux dans l’organisme à un niveau constant.
Lorsque le fonctionnement des reins est altéré et qu’ils ne filtrent plus correctement le sang, on parle alors d’insuffisance rénale. L’organisme est petit à petit empoisonné par les déchets qui ne sont plus éliminés par le rein.
L’insuffisance rénale est dite chronique lorsque cette perte de fonction est progressive et que les lésions présentes dans les reins sont définitives. Généralement, elle progresse graduellement pendant plusieurs années.
L’insuffisance rénale terminale est le dernier stade de l’insuffisance rénale chronique : la perte de la fonction rénale peut alors mettre en danger la vie du patient. En effet, le rein n’est plus capable d’éliminer les toxines et le potassium. Cette accumulation de potassium dans le sang peut alors provoquer un arrêt cardiaque. L’élimination urinaire journalière (appelée diurèse) est également défaillante, ce qui provoque une surcharge en eau et en sel. Cette surcharge peut provoquer une hypertension artérielle.
C’est à ce moment là qu’intervient la dialyse qui permet de remplacer artificiellement le rein en débarrassant le sang, des déchets et de l’eau accumulés en excès dans le corps.
Elle est alors associée à un régime alimentaire strict.
Quelles sont les recommandations nutritionnelles à adopter ?
• Les protéines
Elles sont indispensables à la vie. Elles servent à l’élaboration des tissus et des mécanismes de défense de l’organisme. Si l’organisme n’a pas suffisamment d’énergie pour fonctionner, il peut être amené à brûler ses protéines pour fabriquer de l’énergie. Cela entraine alors une fonte musculaire et un amaigrissement.
Chez les patients dialysés, il s’agit donc d’être vigilant pour ne pas laisser s’installer un état de malnutrition par défaut d’appétit ou à cause d’une infection. De plus, la séance de dialyse peut provoquer la perte de protéines (hypercatabolisme protidique).
Il est donc essentiel de veiller à en apporter quotidiennement dans son alimentation.
⇒ On trouve des protéines dans la viande, le poisson, l’oeuf, le lait, les produits laitiers et les légumineuses (soja, lentilles, pois cassés…)
La quantité de protéines recommandée varie entre 1g et 1,3g / kg de poids et par jour, suivant le type de dialyse pratiquée (hémodialyse ou péritonéale).
• Les lipides
Les graisses fournissent de l’énergie à l’organisme, facilement mise en réserve dans les tissus graisseux. Certains constituants des graisses (les acides gras) sont indispensables au bon fonctionnement de l’organisme.
Une petite quantité de lipides doit donc être absorbée quotidiennement. Il est toutefois recommandé de favoriser les matières grasses végétales plutôt qu’animales, et de limiter les fritures, panures, et matières grasses cuites, afin de prévenir l’apparition de maladies cardio-vasculaires.
⇒ Les recommandations nutritionnelles sont identiques à la population normale, soit 30% des apports d’énergie.
• L’eau
Elle est le constituant le plus important de notre corps et représente 50 à 60% du poids total de l’adulte. Elle permet notamment d’éliminer les déchets de l’organisme et de l’alimentation grâce à l’urine et à la sueur.
Lorsque les reins ne fonctionnent plus, les liquides ingérés ne sont pas évacués dans les urines, ou seulement en très faible quantité. Cela favorise la prise de poids entre deux séances de dialyse et peut également entrainer une hypertension artérielle, pouvant entrainer une défaillance cardiaque.
⇒ Il est important de contrôler chaque jour sont poids pour éviter de stocker du liquide entre deux séances de dialyse. Il est recommandé d’éviter les boissons sucrées qui augmentent la sensation de soif. Il s’agit également de tenir compte du fait qu’une majorité d’aliments contient également de l’eau, notamment les fruits et légumes.
• Le sel
Dans l’organisme l’eau et le sel sont liés : c’est la quantité de sel contenue dans notre corps, diminuée par les urines et la sueur qui règle le volume d’eau. Le sel règle la pression de l’eau dans le sang, et son élimination par le rein et la peau.
Chez le dialysé, le sodium s’accumule et entraîne ainsi une rétention d’eau et une hypertension artérielle. La restriction est indispensable : sans elle, les médicaments hypertenseurs sont inefficaces et la prise de poids entre deux dialyses est trop importante.
⇒ Il est recommandé de réduire ses apports en sodium et notamment d’éviter les plats préparés du commerce qui contiennent souvent beaucoup de sel.
Petite astuce : privilégiez des épices et aromates pour donner de la saveur à vos plats, et éviter ainsi de rajouter du sel.
Certains aliments riches en sodium sont également à éviter : charcuterie, fromages fermentés, poissons fumés, fruits de mer, pain, eaux minérales bicarbonatées, moutarde, ketchup…
• Le potassium
C’est un minérale hydrosoluble (qui se dissout dans l’eau) naturellement présents dans de nombreux aliments (principalement les fruits, légumes, pommes de terre, fruits et légumes secs, céréales complètes).
Il joue un rôle dans la contraction musculaire au niveau de tous les muscles y compris le cœur, et il aide au bon fonctionnement du système nerveux.
Une teneur en potassium trop élevée dans le sang peut être délétère et entrainer des troubles cardio-vasculaires (arrêt cardiaque notamment).
⇒ Si vous voulez inclure quelques légumes à tubercules riches en potassium (pommes de terre par exemple) prenez soin de les faire bouillir deux fois. Cette technique aide à éliminer du légume une partie de son potassium.
• Le phosphore / le calcium et la vitamine D
L’organisme nécessite un apport quotidien et régulier de ces minéraux et vitamine :
– Le phosphore entre dans la composition des os et des dents. En excès dans le sang, il provoque des démangeaisons, douleurs articulaires et déminéralisation osseuse.
– Le calcium intervient dans le travail musculaire (notamment le cœur)
– La vitamine D permet de fixer le calcium sur les os.
Le rein élimine mal le phosphore. La vitamine D n’est alors plus active et le calcium passe mal dans le sang et se fixe mal sur l’os. Il est donc nécessaire de réduire son apport en aliments riches en phosphore, et d’augmenter sa consommation en calcium et en vitamine D.
⇒ Les aliments riches en calcium et vitamine D sont aussi riches en phosphore. Il est donc nécessaire de supplémenter son alimentation par des médicaments ou compléments contenant du calcium et de la vitamine D
En définitif, les besoins nutritionnels du patient dialysé sont augmentés, notamment en calories et protéines. La dénutrition associée à l’inflammation chronique majore le risque. L’évaluation du statut nutritionnel doit donc être effectué régulièrement et ajusté à l’aide d’un régime spécifique.
Il est donc important de suivre les recommandations de votre diététicien. Il vous apportera des suggestions alimentaires et des conseils précis, en fonction de votre type de dialyse et de votre état nutritionnel.