Identifier et prendre en charge le sujet âgé obèse dénutri

Même obèse, le sujet âgé peut souffrir de dénutrition. Sa prise en charge devra privilégier la stabilisation du poids et le maintien de la masse et de la fonction musculaire.

Entre 2013 et 2040, les plus de 75 ans passeront de 6 à 10,5 millions de la population française. Après 70 ans, 15 à 17 % des sujets sont obèses et 4 à 10 % sont dénutris. Le nombre de sujets âgés à la fois obèses et dénutries n’a pas encore été estimé. De même, aucune recommandation n’a été formulée pour leur prise en charge. Deux gériatres et un encdocrinologue français ont analysé la littérature scientifique pour identifier des éléments permettant le diagnostic et la prise en charge de ces personnes âgées. 

Des particularités nutritionnelles

Au cours de la vie, la corpulence à tendance à augmenter avec l’âge jusqu’à 65-70 ans puis à diminuer légèrement. La prise de poids se fait principalement au profit de la masse grasse au détriment de la masse musculaire, qui diminue dès l’âge de 40 ans. Quant aux apports alimentaires, ils diminuent progressivement, en parallèle d’une baisse de la dépense énergétique de repos et de la réduction de l’activité physique. Les sujets âgés présentent aussi un défaut de régulation de l’appétit, de la faim et de la satiété qui les expose à un risque d’obésité dans des conditions de suralimentation et à un risque de dénutrition en période de sous-alimentation. 

L’obésité, facteur de risque et facteur protecteur

Chez la personne âgée, l’obésité représente à la fois un facteur de risque et un facteur protecteur en fonction des situations cliniques et des pathologies. Si elle s’est constituée tôt dans la vie, elle est susceptible d’avoir des conséquences importantes sur la morbimortalité des sujets (diabète, hypertension, dyslipidémies, pathologies cardiovasculaires, insuffisance respiratoire…) tandis que des obésités modérées constituées progressivement seront moins délétères. Les données d’observation montrent que les sujets âgés obèses ont moins de risque de fracture ostéoporotique et survivent mieux à l’hospitalisation et aux maladies à fort risque de dénutrition (insuffisance rénale, BPCO, insuffisance cardiaque, rhumatismes inflammatoires…).

Dépister et soigner la dénutrition du sujet âgé obèse

Les modifications physiques et nutritionnelles citées précédemment exposent donc les personnes âgées, même obèses, au risque de fragilité, de sarcopénie et de dénutrition. 
La perte de poids n’est pas toujours le bon critère de dénutrition. Chez le sujet âgé obèse, une perte poids volontaire modérée (prise en charge diététique) visant à réduire les complications de l’obésité, accompagnée d’activité physique, n’est pas un critère de dénutrition. Mais dans toute autre situation, notamment lorsque la perte de poids est involontaire, il faut craindre l’apparition d’une fragilité, d’une sarcopénie ou d’une dénutrition et faire une évaluation nutritionnelle complète, en y incluant celle de la fonction musculaire.
Il n’existe pas de recommandation spécifique à la prise en charge nutritionnelle de cette population particulière. Elle doit probablement être adaptée, en privilégiant l’arrêt de l’amaigrissement et la stabilisation du poids. L’objectif est d’améliorer la masse et la fonction musculaire à l’aide d’une activité physique adaptée et d’apports protéiques suffisants. Une supplémentation en vitamine D est aussi recommandée. Les repères du PNNS pour la personne âgée fragile peuvent aider à structurer la prise en charge nutritionnelle. Alimentation enrichie, collations et/ou compléments nutritionnels oraux seront proposés en fonction de la consultation diététique.  

Dénutrition chez le sujet âgé obèse. Raynaud-Simon A, Sanchez M, Quilliot D. Nutrition Clinique et Metabolisme. 2017 Oct ; 31(4):282-289.
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0985056217302042?via%3Dihub