Grégoire Ferré, ostéopathe du Challenge Nutrisens Sport
« Une bonne alimentation adaptée, diminuera fortement les risques de blessures musculaires, tendineuses et articulaires. »
Interview de l’ostéopathe du Challenge Nutrisens Sport
Quel est l’intérêt d’un suivi médical dans la préparation d’un objectif sportif ?
L’intérêt d’un suivi médical dans la préparation d’un objectif sportif tel que la diagonale des fous, est surtout préventif. L’objectif sera de connaître par cœur le sportif, d’avoir une « photographie » précise de l’athlète et ainsi agir, adapter les entraînements pour éviter les blessures.
Ce suivi commence toujours par un examen général auprès d’un médecin du sport:
- Biométrie (poids, taille, masse graisseuse)
- Cardiologique (tension artérielle, fréquence cardiaque, palpation des pouls, test d’effort…)
- Pulmonaire (inspection, auscultation)
- Digestif
- Neurologique (recherche des troubles sensitifs, moteurs, des réflexes…)
- Etat dentaire
- Ophtalmologique (acuité visuelle, relief)
- ORL (test de l’audition)
- Examen des articulations : inspection, palpation et mobilisation
- Recherche des troubles musculaires : déficit, amyotrophie
- Test de la souplesse : Mesure de la souplesse des ischios, quadriceps, adducteurs …
Le bilan Ostéopathique quant à lui s’attardera à rechercher des anomalies structurelles pouvant décompenser avec les efforts répétés et intensifs. Le but sera de corriger les troubles et les déséquilibres, les lésions osseuses, articulaires, ligamentaires et musculaires qui, s’ils sont pris en charge à temps, n’auront pas le temps de devenir pathologiques et donc symptomatologiques.
Le suivi médical du sportif comprend aussi l’aspect nutritionnel et diététique.
Le suivi a pour objectif de rechercher des lésions micro-traumatiques dues à un surmenage du corps : fracture de fatigue, tendinopathies, lésions musculaires… ; Mais aussi rechercher un éventuellement surentraînement qui se traduira par un état de fatigue prolongé caractérisé par une baisse de la performance.
De ton point de vue, en quoi une mauvaise préparation nutritionnelle peut avoir des conséquences sur le physique du sportif ?
Il est nécessaire d’expliquer la diététique au sportif. L’alimentation est devenue un vrai facteur de performance et doit être adaptée à chacun. Nous devons analyser le repas de chaque sportif grâce par exemple à un semainier, afin de rechercher d’éventuelles erreurs ou incohérences qui pourraient avoir de lourdes conséquences sur l’intégrité physique du sportif.
Tout cela doit être géré par des spécialistes (nutritionnistes, diététiciens). Ils devront informer l’athlète sur les grandes bases de la diététique : les 4 repas, la répartition des glucides, protides et lipides, l’hydratation, l’alimentation en pré-compétition, pendant la compétition et en post-compétition; informer aussi sur les compléments alimentaires et vitaminiques.
Il est évident qu’une bonne alimentation adaptée, diminuera fortement les risques de blessures musculaires, tendineuses et articulaires.
Je dis souvent qu’une bonne alimentation ne fait pas gagner, mais qu’une mauvaise alimentation fait perdre!
Quelles sont les blessures les plus fréquentes d’un trailer / ultra-trailer? et quelles en sont les principales causes?
On pourrait recenser 5 grandes blessures chez le trailer:
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La tendinite : inflammation du tendon (surtout tendon d’Achille, tendon rotulien et quadricipital) la plupart du temps ressentie durant l’effort et qui se calme au repos. Cette inflammation peut s’installer dans le temps et devenir dans certains cas chronique.
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Le syndrome de l’essuie-glace : inflammation de la face externe du genou qui tient son nom du mouvement de va et vient du muscle tenseur du fascina lata sur l’os de la cuisse.
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L’aponévrosite plantaire: inflammation des tendons et ligaments qui relient le talon aux orteils, qui se manifeste par une douleur au niveau de la plante du pied ou sous le talon. C’est la blessure du pied la plus fréquente chez le coureur.
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L’élongation : allongement excessif d’un muscle ou d’un ligament entraînant une limitation de l’activité sportive et pouvant être le premier stade avant le claquage ou la déchirure.
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La périostite tibiale: inflammation de la couche superficielle de l’os.
Cette liste n’est malheureusement pas exhaustive mais leurs principales causes sont:
- Un surentraînement
- Une alimentation inadéquate ou déséquilibrée
- Un mauvais échauffement et manque d’étirement
- Un déficit musculaire (pas assez de travail de renforcement type gainage, squat….)
- Port de chaussures non adaptées au type de pieds
- Un manque de suivi médical spécifique : Médecin, ostéopathe, kiné, nutritionniste…
Quelles seraient tes recommandations en terme de suivi ostéopathique (nombre de séances, type d’exercices) pour les personnes pratiquant régulièrement le trail / ultra-trail?
Mes recommandations, au risque de me répéter, sont :
- Au moins 3 séances d’ostéopathie par an.
- Un suivi nutritionnel et médical au moins 1 fois par an (ne pas sous-estimer le bilan dentaire car il y a un lien étroit entre système occlusif et posturologie).
- Je recommande si possible de pratiquer en parallèle un ou plusieurs sports de décharge type natation, cyclisme.
- Ne jamais oublier le travail musculaire spécifique type gainage, squat …
- Et enfin, il faut impérativement avoir des phases de REPOS régulières qui permettent au corps de se régénérer. Le repos est un traitement à part entière. Cela permet de reconstituer les réserves énergétiques, de récupérer des effets des entraînements et des courses, et de prévenir du surentraînement et donc des blessures.
Pratiques-tu également la course? Raconte-nous ton parcours sportif…
Après avoir pratiqué de nombreux sports (foot, gymnastique, athlétisme, rugby, volley) mon goût pour le volley l’a emporté et j’ai intégré un sport-étude pendant 3 années. Actuellement je fais deux sorties par semaine en course à pieds et pratique le tennis 2h par semaine.
BILAN A MI-PARCOURS
Grégoire FERRE, ostéopathe
Je suis en contact avec Morgane et Nicolas à peu près tous les 15 jours. Ils sont motivés et très consciencieux. Ils bénéficient bien sûr d’un accompagnement de haut niveau mais ils appliquent nos conseils à la lettre. Ils se mettent beaucoup de pression. La distance est encore longue d’ici le départ, et ils ne doivent pas oublier de se faire plaisir, particulièrement en cette période où ils se sont blessés, mais sans gravité. Nous ne sommes pas inquiets sur le plan physique, mais il faut bien un an de préparation pour un tel défi. Il n’y a pas de hasard sur ce type d’épreuve. Les coureurs n’imaginent pas à quel point la diététique et la préparation physique sont importants. Il ne s’agit pas de passer des mois à courir… Morgane et Nicolas ont d’ailleurs été surpris par l’entrainement des 3ers mois qui consistait essentiellement à faire du gainage et du renforcement musculaire.