Dénutrition : les habitudes alimentaires sont révélatrices

Les petits mangeurs, ceux qui se limitent à deux repas, boudent les protéines ou qui ont perdu le plaisir de manger sont les plus à risque.

Analyser les habitudes alimentaires d’un sujet âgé permet-il d’évaluer son risque de dénutrition ? Telle est la question à laquelle des chercheurs français se sont intéressés dans le cadre d’une étude menée auprès de 605 personnes âgées, maintenus à domicile et vivant en France. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans le BMJ Open.

Repas, collations, plaisir à manger, contenu du frigo…tout doit être analysé

Pour analyser les habitudes alimentaires des sujets âgés, les chercheurs ont inclus 605 clients d’un service de livraison de repas à domicile. Un questionnaire alimentaire était rempli par leurs aidants sur trois jours non consécutifs de la semaine. Il couvrait les données sociodémographiques et économiques, le contenu du réfrigérateur, les trois repas principaux de la journée, les collations et/ou apéritifs éventuels. L’heure des repas, la façon dont ils ont été pris et les préférences alimentaires étaient consignés. L’hypothèse des chercheurs était que les habitudes alimentaires dépendaient du plaisir à manger, du lieu de résidence et du niveau d’autonomie.

Analyser les habitudes alimentaires d’un sujet âgé permet-il d’évaluer son risque de dénutrition ? Telle est la question à laquelle des chercheurs français se sont intéressés dans le cadre d’une étude menée auprès de 605 personnes âgées, maintenus à domicile et vivant en France. Les résultats de leurs travaux sont publiés dans le BMJ Open.

Les petits mangeurs sont les plus à risque de dénutrition

L’âge moyen des individus est de 85 ans, 70 % des sujets vivent en zone urbaine et 42,6 % ont des revenus entre 1000 et 2000 € par mois. Plus de la moitié de sujets (59%) mange par habitude, tandis que seuls 33,7 % disent manger par plaisir.

1er constat : La consistance du petit-déjeuner, le plaisir à manger et le fait de vivre en milieu rural sont corrélés à des apports plus copieux aux repas et aux collations.

Quatre profils de consommateurs sont identifiés :

  1. 10,3 % mangent peu à tous les repas. Ils sont bénéficiaires d’une allocation personnalisée d’autonomie. Les protéines et les glucides au déjeuner et au diner sont consommés dans moins d’un repas sur deux. Ils sont les plus à risque de dénutrition

  2. 34,4 % consomment des boissons chaudes au petit-déjeuner et aux collations, mais mangent peu à tous les repas, en particulier peu de fruits. Ils se limitent à deux repas légers par jour (déjeuner et diner) et boudent les protéines ; Ils sont à risque modéré de dénutrition.

  3. 27,6 % mangent suffisamment à tous les repas, plus de fruits, légumes et protéines. Mais ils consomment peu de boissons froides. Leurs apports correspondent aux recommandations nutritionnelles ;

  4. 27,7 % mangent de grandes quantités d’aliments. Leur régime alimentaire est le plus copieux et le plus varié de tous, notamment en fruits, légumes et produits laitiers. Ils sont le moins à risque de dénutrition de tous et les moins dépendants. Ils présentent le « profil idéal ».

2ème constat : Les quantités d’aliments sources de protéines, comme les yaourts, la viande et la crème fraiche, dans les réfrigérateurs des sujets des groupes 3 et 4 sont plus élevées. Toutefois, les sujets à risque de dénutrition ont aussi des produits source de protéines dans leur frigo, mais qui s’accumulent car ils ne les consomment pas.   

A retenir

  • Il existe une grande diversité dans la façon dont les personnes âgées mangent, tant sur le plan qualitatif que quantitatif 
  • Il ne suffit pas d’avoir des aliments riches en protéines à sa portée, aussi faut-il avoir envie ou ressentir le besoin de les consommer ;
  • Connaitre les habitudes et préférences des sujets âgés doit permettre de proposer les aliments qui leurs sont les plus adaptés et d’apporter des conseils personnalisés comme : privilégier les protéines au diner et maintenir le plaisir à manger chez les sujets à risque de dénutrition ; Boire davantage et continuer à consommer des fruits et légumes chez ceux sans risque de dénutrition ;
  • Plus les sujets sont dépendants, plus ils sont à risque de dénutrition.
  • Renforcer l’aspect hédonique des repas servis pourrait aider les sujets âgés à retrouver le plaisir de manger.

 

Multiple factor analysis of eating patterns to detect groups at risk of malnutrition among home-dwelling older subjects in 2015. Sanchez M-A, Armaingaud D, Messaoudi Y, et al. BMJ Open 2019;9:e023548. doi:10.1136/ bmjopen-2018-023548 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31256016