Dénutrition et cancer
Le programme d’étude observationnelle NEODIA a travaillé sur le comportement alimentaire des patients traités et accompagnés pour un cancer. Cette étude a notamment démontré l’importance de redonner envie aux patients de cuisinier.
En effet, les effets secondaires induits par les traitements provoquent une perte d’appétit, une fatigue et une satiété précoce.
Des effets secondaires, c’est-à-dire ?
Source Programme NEODIA, Pr Philippe Pouillart
Selon la localisation du cancer, la dénutrition peut toucher jusqu’à un patient sur deux.
La perte d’appétit chez le patient cancéreux
La majorité des patients disent ne pas avoir faim :
- 15% des patients consomment ¼ du contenu de l’assiette
- 27% des patients consomment environ la moitié du contenu de l’assiette
- 27% des patients consomment les ¾ du contenu
- Seulement 30% des patients affirment avoir une consommation totale
En effet, le cancer inhibe l’appétit. Or, « un bon état nutritionnel c’est plus de chance de réussite pour le traitement » explique Pr Hébuterne. Il faut donc trouver des astuces pour lutter contre les effets secondaires liés aux traitements.
Dénutrition, Cancer et Sujet âgé !
Pr Xavier Hébuterne nous explique dans le webinar diffusé le 18 novembre intitulé « Dénutrition et Cancer » que la prévalence du cancer augmente avec l’âge et selon la localisation de la tumeur. Le risque est plus élevé chez les + 70 ans d’avoir un cancer de la prostate, des poumons ou du pancréas.
A noter que l’âge moyen de survenue d’un cancer est de 66,3 ans chez l’homme et de 64 ans chez la femme.
La prise en charge du patient dénutri atteint de cancer
Magali PONS, cadre diététicienne à l’Institut Gustave Roussy nous explique qu’il est important d’évaluer les capacités physiques du patient en mesurant sa fonction et sa masse musculaires. Pour cela différents outils de mesure existent à l’hôpital.
Chez l’adulte, comme chez la personne âgée, une perte de poids rapide et élevée (perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10 % en 6 mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie), induite par une perte de masse musculaire, est un critère de dénutrition*.
*Source HAS, recommandations dénutrition de 2019
Ensuite il est recommandé par l’HAS (Haute Autorité de Santé) d’évaluer les consommations alimentaires du patient.
Il existe plusieurs causes à la réduction des apports, comme l’explique Magali PONS.
- Les troubles de l’appétit : anorexie, satiété précoce, troubles du goût, aversions, …
- Les effets secondaires liés aux traitements : nausées, vomissements, asthénie, mucite, troubles digestifs
- Les régimes restrictifs (comme le jeune), la polymédication
- Les troubles de l’ingestion : mastication, dysphagie, dyspnée, …
Comme pour toute prise en charge de la dénutrition, la règle d’or est d’enrichir en protéines via des concentrés de protéines et en calories via l’ajout de matières grasses et/ou de sucres. Les compléments nutritionnels oraux (comme les biscuits, les pains G nutrition, les boissons ou crèmes, …) permettent d’apporter à la fois des calories et des protéines.
On pensera à ajuster son alimentation en fonction de l’appétit et des envies mais également en proposant le fractionnement grâce aux collations.
Enfin, l’activité physique intègre la prise en charge nutritionnelle du patient. Elle réduit le stress, donne de l’énergie, stimule l’appétit, maintient la masse musculaire et aide à mieux dormir. Il n’est pas nécessaire de courir un marathon, 20 minutes de marche quotidienne suffisent. Le jardinage ou la gymnastique font partit des activités plaisir qui peuvent être pratiqués à la maison, sans oubli la natation, le vélo ou le yoga.
En conclusion, il est recommandé de :
- Surveiller son poids 1 à 2 fois par semaine ;
- Maintenir une activité physique régulière ;
- Adapter son alimentation en consommant des aliments riches en protéines, en fractionnant et en modifiant les textures si besoin (plats hachés/mixés) ;
- Veiller à une bonne hydratation (pensez aux eaux gélifiées en cas de troubles de déglutition).
L’objectif est de couvrir les besoins nutritionnels pour éviter une dénutrition. Enfin, consulter une diététicienne et/ou un médecin en cas de perte de poids rapide ou s’il y a des difficultés d’alimentation.