Augmenter les protéines chez les sujets obèses améliore leurs performances fonctionnelles
Une étude américaine suggère d’augmenter les apports protéiques des sujets âgés obèses à 1.2 g/kg de poids/jour tout en réduisant leurs apports caloriques pour leur permettre d’améliorer leurs performances physiques
L’épidémie d’obésité menace de plus en plus la santé des sujets âgés. En France, les dernières données épidémiologiques disponibles rapportent en 12 ans une augmentation fulgurante de sa prévalence chez les plus de 64 ans. En 2009, 18 % étaient obèses contre 11 % en 1997 (Obépi). Les conséquences sur les capacités fonctionnelles et l’autonomie de ces sujets font craindre un basculement accéléré vers un syndrome fragilité.
Or, les stratégies d’intervention sont minces : la perte de poids massive chez ces sujets fait l’objet de débat et la mise en place d’une activité physique n’est pas toujours envisageable.
Se basant sur les propriétés anaboliques des protéines, des chercheurs américains ont testé l’effet de repas enrichis en protéines (30g pour chacun des 3 repas) pendant 6 mois sur les performances physiques (marche, équilibre, force musculaire) et la masse maigre de sujets obèses, combiné à des conseils alimentaires individualisés visant une perte de poids modérée (5-10 %).
Quarante et un sujets dont les apports protéiques atteignaient 1.2g/kg poids corporel/jour ont été comparés à 26 sujets témoins suivant le même régime mais dont les apports protéiques ne dépassaient pas ceux recommandés (0.8g de protéines /kg de poids corporel/jour).
L’enrichissement protéique aboutit à de meilleurs résultats
Après 6 mois d’intervention, les deux groupes ont réduit leurs apports caloriques et atteint une perte de poids significative : -8.7 kg ± 7.4 pour le groupe enrichi en protéines et -7.5 ± 6.2 kg pour le groupe Témoin.
L’adhésion aux conseils alimentaires était bonne, en particulier dans le groupe des sujets sous une alimentation enrichie en protéines, qui consommaient entre 28 et 37g de protéines par repas.
Les capacités fonctionnelles des sujets (vitesse de marche, force des membres inférieurs, équilibre) avant et après les 6 mois d’intervention est significativement améliorées dans les deux groupes mais davantage dans le groupe ayant consommé plus de protéines (+2.4±1.7 points versus +0.9 ±1.7 points chez les Témoins).
Comme attendu lorsqu’il y a perte de poids, la masse maigre a diminué mais presque autant dans les deux groupes de sujets (-1.1 ±1.5 kg dans le groupe Protéines versus -1.8 ±2.9kg chez les Témoins). En revanche, en termes de proportion, la perte de masse maigre représente 31.8% de la perte totale chez les sujets Témoins tandis qu’elle représente 18.4 % chez les sujets du groupe Protéine.
Les chercheurs supposent que sur un échantillon plus important et avec des outils de mesure de composition corporelle plus précis, ils auraient pu observer un effet significatif des protéines sur la masse maigre. Enfin, la masse grasse a diminué dans les deux groupes (-7.6±6.7 kg dans le groupe Protéine versus -6.0±5.6 kg dans le groupe Témoin), ainsi que le tour de taille (-7.3±11.7 cm dans le groupe Protéine et -3.9±5.7 cm dans le groupe Témoin).
Les chercheurs concluent de leur étude qu’enrichir les repas des sujets âgés obèses en protéines tout en réduisant modérément leurs apports caloriques, pourrait améliorer leurs performances physiques, leur autonomie et réduire la survenue des complications liées au vieillissement et à l’obésité.
Porter Starr KN et coll. Improved Function With Enhanced Protein Intake per Meal: A Pilot Study of Weight Reduction in Frail, Obese Older Adults. J Gerontol A Biol Sci Med Sci. 2016 Oct;71(10):1369-75. http://biomedgerontology.oxfordjournals.org/content/71/10/1369.long