Allergies alimentaires : attention au risque accru d’asthme sévère
La relation entre l’allergie alimentaire et l’asthme pose question. L’allergie alimentaire concerne 19 à 77 % des enfants et parmi ces enfants, 25 % sont asthmatiques. Par ailleurs, 4 à 8 % des enfants asthmatiques souffrent d’allergie alimentaire.
Le point de rencontre entre l’allergie alimentaire et l’asthme serait la dermatite atopique. Elle favorise le passage des allergènes, dont ceux alimentaires présents dans l’air, au travers de la peau enflammée de l’enfant. De nombreuses études ont déjà mises en évidence un risque plus élevé d’asthme chez les enfants et les adultes atteints d’allergies alimentaires multiples ou sévères.
Les deux chercheuses, auteurs de l’article ont, pour leur part, observé cette relation dans une cohorte de nourrissons puis d’enfants du Service d’Allergologie Pédiatrique de l’hôpital Trousseau. Elles ont notamment vu que les nourrissons atteints d’une allergie alimentaire associée à d’autres allergies ainsi que les enfants d’âge scolaire avec dermatite atopique étaient les plus à risque d’hospitalisation pour exacerbation de l’asthme (crise d’asthme qui dure et s’aggrave) comparé à des enfants ou nourrissons souffrant seulement d’allergies aux acariens ou aux pollens.
L’allergie alimentaire est aussi un facteur de risque d’évènements respiratoires graves. Dans une étude Canadienne, l’allergie alimentaire multiplie par 3.6 le risque d’asthme potentiellement mortel. Dans une autre étude, le risque de mise en jeu du pronostic vital est multiplié par 8.5. L’allergie alimentaire vient au 2ème rang des facteurs de risque d’asthme potentiellement mortel après un facteur classique, les exacerbations multiples dans l’année.
Une étude Israélienne retrouve une association statistiquement significative entre l’allergie alimentaire et la gravité de l’asthme. Une autre, réalisée à Boston, met en évidence la présence d’une allergie alimentaire chez 24 % des enfants explorés pour asthme. Dans près de la moitié des cas (49.3%), les allergies alimentaires sont multiples. Dans 43 % des cas, il s’agit d’une allergie isolée à l’arachide et dans 30 % des cas, une allergie isolée aux fruits à coque. Les allergies isolées à l’œuf ou au lait représentent respectivement 17.8 % et 15 % des cas. Les chercheurs notent aussi que les allergies multiples exposent les sujets à un risque beaucoup plus important de détérioration de leur fonction respiratoire que les allergies isolées. Enfin, autre conséquence grave de l’allergie alimentaire : elle expose les enfants allergiques à un plus grand risque d’anaphylaxie, réaction allergique sévère et rapide.
Les chercheuses concluent que l’association allergie alimentaire/asthme est à risque d’événements respiratoires graves, notamment chez les multi-allergiques. Ces derniers (asthme, dermatite atopique, allergies pollens-aliments, asthme-allergie alimentaire) doivent être pris en charge de façon spécifique.
Source : Allergie alimentaire et asthme exacerbateur. Just J, F Amat. Revue Française d’Allergologie 2016 Jan 7.doi:10.1016/j.reval.2016.01.002