Gestion de l’état nutritionnel
chez la personne en situation de polyhandicap
En France, en 2014, on estimait à 9400 enfants et 23200 adultes polyhandicapés. Les causes prénatales (génétiques, malformations) représentent 65 à 80%, elles sont uniquement cérébrales.
Le polyhandicap, des personnes fragiles
On qualifie le polyhandicap par un important dysfonctionnement cérébral entraînant des déficiences motrices (absence de marche) et cognitives (absence de langage oral).
Ces lourds handicaps mettent la personne dans une situation de grande fragilité notamment physique et sociale. Suivant le degré de polyhandicap, la prise alimentaire peut être plus ou moins complexe.
Connaître le polyhandicap pour mieux accompagner les patients
Une meilleure connaissance de ces handicaps a permis de réaliser de véritables progrès médicaux, d’améliorer leur prise en charge et donc d’augmenter l’espérance de vie.
Cette victoire n’est pas sans conséquence puisque les professionnels de santé doivent faire face à une population polyhandicapée vieillissante augmentant les risques de dénutrition.
La complexité de la prise alimentaire est liée à l’origine multiple des restrictions : troubles ORL, troubles neurologiques, perte d’usage des membres supérieurs, problèmes digestifs (RGO, constipation), douleur, effets secondaires des médicaments, dépression…
De plus, les patients sont souvent en incapacité d’exprimer leurs émotions et ressentis : faim, préférences alimentaires. L’aide et l’adaptation des repas sont obligatoires pour pouvoir atteindre les objectifs nutritionnels.
Ces personnes polyhandicapées sont touchées à la fois par les problématiques de dénutrition et de dysphagie ayant pour conséquence une augmentation des infections et donc du nombre d’hospitalisations.
Comment adapter l’alimentation à l’état nutritionnel des personnes polyhandicapées ?
L’évaluation de l’état nutritionnel est difficile car les mesures sont souvent très compliquées à réaliser et les référentiels souvent inexistants. Des critères comme les escarres, la perte d’appétit, … sont des indicateurs.
Afin d’améliorer l’état nutritionnel des personnes polyhandicapées, il est donc important d’évaluer les capacités physiques (durée des repas, environnement, …), capacités ORL (mastication, déglutition) et les ingesta (grammages, contenu des repas, …). Améliorer l’état nutritionnel de la personne permet d’améliorer sa qualité de vie et celle de ses proches.
Selon les incapacités rencontrées, il sera nécessaire de proposer une offre alimentaire en adéquation.
En cas de dénutrition, si elle peut être diagnostiquée (selon les recommandations HAS https://www.has-sante.fr/jcms/p_3118872/fr/diagnostic-de-la-denutrition-de-l-enfant-et-de-l-adulte) on proposera un enrichissement des préparations en utilisant des concentrés des protéines ou des compléments nutritionnels oraux HC/HP.
En cas de troubles de mastication, les préparations pourront être présentées en texture hachée ou avoir une cuisson suffisante pour en faciliter sa consommation
En cas de troubles de déglutition, les plats seront mixés afin d’obtenir une texture lisse et homogène. Parallèlement aux aliments, il faudra s’assurer de la bonne hydratation du patient en lui proposant des eaux aromatisées ou des boissons épaissies.
Dans tous les cas, le repas doit rester un plaisir et un moment de partage.
Lorsque le repas est source de stress ou les tentatives de prises en charges ont échoué, la nutrition entérale peut être une solution alternative ou venir en couverture des apports oraux.
A noter que les déficits nutritionnels de cette population ont peu été étudié mais ils sont sous-entendus du fait d’une alimentation sélective et limitée. C’est également des patients qui n’ont pas reçu de conseils nutritionnels et pour lesquels l’équilibre alimentaire est fortement perturbé.