Diabète de type 2 : la qualité et la durée du sommeil comme facteurs de risque
L’association entre difficultés de sommeil et diabète de type 2 semble se confirmer dans deux larges cohortes américaines. Les individus cumulant les troubles du sommeil seraient les plus à risque de diabète.
Les troubles du sommeil (difficultés d’endormissement, ronflements, apnées, nuits courtes) touchent 10 à 20 % de la population aux Etats-Unis. Or, de récentes données expérimentales indiquent qu’un sommeil fragmenté ou de mauvaise qualité est associé à une altération de la régulation glycémique chez les jeunes adultes. Les troubles du sommeil pourraient même être impliqués dans plusieurs pathologies dont l’obésité, l’hypertension et la dépression, qui sont trois facteurs de risque connus de diabète de type 2.
Un groupe de chercheurs spécialistes du sommeil et de la nutrition a examiné, dans les deux fameuses cohortes d’infirmières américaines (Nurses’ Health Study I et II), l’association entre les difficultés à s’endormir ou à rester endormi et le risque de développer un diabète de type 2. Lancées en 1976 et en 1989, ces cohortes ont permis le suivi de 133 353 femmes durant au moins 10 ans. L’ensemble des troubles du sommeil étaient évalués à l’aide d’un questionnaire spécifique.
Résultat : Les difficultés d’endormissement ou de sommeil sont significativement associées au risque de diabète de type 2 quel que soit le style de vie ou les autres facteurs liés aux conditions de sommeil (ronflement, apnées, nuits courtes, travail posté). Après 10 ans de suivi, 6 407 cas de diabète de type 2 sont déclarés. Les femmes présentant des difficultés de sommeil avaient un risque supérieur de 39 % (NHS I) à 46 % (NHS II) de développer un diabète de type 2. Mais les trois facteurs bien connus de diabète de type 2 – hypertension, dépression et indice de masse corporelle élevé – n’expliquent que partiellement cette association. Les chercheurs remarquent que la combinaison des difficultés d’endormissement ou de sommeil à d’autres facteurs liés aux conditions de sommeil (ronflement, apnées, nuits <6 heures, travail posté) augmentent davantage ce risque de diabète de type 2. A tel point que les femmes qui cumulent les difficultés d’endormissement et de sommeil à des ronflements, des apnées, des nuits<6 heures et à un travail posté multiplient par 4 leur risque de développer un diabète de type 2.
Les données de cette large étude sont cohérentes avec celles des études précédentes (plus modestes) sur le sujet. Les auteurs supposent que les difficultés d’endormissement et de sommeil pourraient favoriser l’obésité en altérant les rythmes circadiens ainsi que la régulation des hormones de l’appétit, et en augmentant l’activité du système nerveux sympathique connu pour influencer la sensibilité à l’insuline. La réduction du temps de sommeil (<6 heures) pourrait également réduire la tolérance au glucose. Le cumul des mauvaises conditions de sommeil serait particulièrement délétère.
Source : Association between sleeping difficulty and type 2 diabetes in women. Li Y, Gao X, Winkelman JW, Cespedes EM, Jackson CL, Walters AS, Schernhammer E, Redline S, Hu FB. Diabetologia. 2016 Jan 28