Digestif ou Bariatrique
Les chirurgies du tube digestif et la chirurgie bariatrique ont un impact évident sur la digestion des aliments. Une prise en charge coordonnée et précoce peut permettre de prévenir les conséquences nutritionnelles de ces chirurgies.
Les chirurgies qui affectent la digestion
Les chirurgies digestives qui peuvent entraîner des conséquences nutritionnelles sont :
- l’oesophagectomie,
- la chirurgie anti-reflux gastro-oesophagien,
- la gastrectomie,
- la duodéno-pancréatectomie,
- la résection du grêle,
- la résection du côlon,
- les fistules digestives et stomies digestives1
ainsi que la chirurgie bariatrique dans le traitement de l’obésité (by-pass gastrique, sleeve-gastrectomie, etc.).
Même si elles ont connu d’importantes avancées en termes de techniques opératoires, les modifications anatomiques induites par le geste opératoire affectent volontairement (chirurgie bariatrique) ou non différentes caractéristiques fonctionnelles du système digestif.
1 Zeanandin G et al. Nut Clin & Met 2012
Attention à l’existence d’une dénutrition en pré-opératoire
Le terrain du malade avant l’intervention conditionne significativement l’impact des conséquences nutritionnelles attribuables à la chirurgie elle-même. La dénutrition est souvent déjà présente avant une chirurgie digestive. Elle concerne 39 % des candidats à la chirurgie colorectale, 60 % de ceux en chirurgie œsophagienne et 67 % de ceux en chirurgie pancréatique. Or, cette dénutrition augmente en post-opératoire le taux d’infections nosocomiales, de complications sur les anastomoses digestives, de complications de cicatrisation, la durée de séjour et la mortalité.
Source : Loncar Y et al. J Chir Visc 2020
Des conséquences multiples sur l’alimentation
Dans le cas des chirurgies du tractus digestif, les troubles nutritionnels sont directement conditionnés par le caractère invasif de la chirurgie. Les mécanismes induisant les déficits nutritionnels sont variés : modification de la motricité, diminution des sécrétions digestives, réduction de la digestion des aliments, baisse de l’absorption des nutriments, diminution du recyclage de certains métabolites, réduction de la réabsorption de l’eau et des électrolytes, anorexie, intolérance alimentaire, dysphagie temporaire (chirurgie anti reflux), malabsorption et augmentation des pertes digestives en nutriments, hypermétabolisme (si cancer ou maladie chronique évolutive). Dans le cas de la chirurgie bariatrique, le risque de carences nutritionnelles est particulièrement élevé en raison, d’une part de la réduction des ingesta à la suite de l’opération et d’autre part de la malabsorption causée par certaines techniques chirurgicales.
Ces techniques chirurgicales peuvent avoir pour conséquence des carences en protéines, en vitamines du groupe B (B1, B6, B9, B12), en vitamines liposolubles (A, D, E, K), en fer (surtout chez les femmes non ménopausées) et en oligoéléments (zinc, sélénium, cuivre).
Quelle prise en charge nutritionnelle ?
Les modifications anatomiques et fonctionnelles du tractus gastro-intestinal nécessitent l’adaptation du comportement alimentaire des patients à leur nouvelle physiologie gastro-intestinale.
Le fractionnement des repas est une mesure simple qui permet d’optimiser les ingesta. Les premiers jours après l’opération, l’alimentation doit avoir une texture lisse et sans morceaux pour ne pas léser les cicatrices sur l’estomac et l’intestin. De plus, un enrichissement des préparations en protéines, en micro-nutriments (et en calories dans le cas de chirurgie du tractus digestif) est recommandé.
Des solutions nutritionnelles adaptées
Une large gamme de solutions nutritionnelles enrichies en protéines et/ou en calories, à texture modifiée dans le cas de dysphagie, ou bien formulées pour stimuler l’appétit en cas de changement de goût, peuvent aider dès les premiers jours post-opératoires à lutter contre la dénutrition et atteindre les besoins nutritionnels nécessaires sous des formats compatibles avec la nouvelle physiologie gastrointestinale.